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Si le paname d’audiard m’etait conté

Il a le même regard malicieux que son grand père. Un visage carré aux bords arrondis. Troisième génération Audiard après Michel et Jacques, Stephane Audiard est le petit fils du dialoguiste des Tontons flingeurs, du Pacha et autres films cultes. Mais pédopsychiatre avant tout. «Si vous n’êtes que le fils ou le petit fils de quelqu’un, votre vie s’arrête», lâche-t-il. Pour lui, sa vie ne s’arrête pas a son cabinet puisqu’il est desormais auteur d’un polar, Le Cri du corps mourant (reference au titre d’un film réalisé par son grand père, Le Cri du cormoran le soir au-dessus des jonques, sorti en 1970), qu’il a signé de son second prénom, Marcel. L’histoire rocambolesque d’un groupe d’ados d’aujourd’hui mais sans le portable greffé a la main et dont la pugnacité des dialogues renvoie au cinema d’Audiard. Une remarque qui pique au vif son émancipation familiale. Lui préfère insister sur le versant aventurier et policier de son premier roman. « C’est compliqué de commencer par un bouquin, attaquer par là où Michel Audiard comptait finir par accéder ». Pourtant, la fibre artistique est là, qui aura mis quelques années a éclore. Le deuxieme est en relecture (Le Cri du mort courant), et ll écrit le troisième. Les deux étant des suites du premier.

Mais rendez vous était pris pour évoquer le Paris de Michel Audiard. Impossible de revenir sur les parcours de sa jeunesse. « Il s’en foutait, Michel, ce n’était pas un nostalgique, il ne parlait pas du passé ». Oublié donc le XIVe, synonyme des années de galère et d’abandon familial. Le commentaire sonne comme une réplique : « C’est comme retourner a Sangatte quand on est un migrant avec des papiers ». Stephane Audiard n’avait que 15 ans à la mort de son grand père. Pour s’excuser d’avoir enfoui si profondément les moments passés avec son aïeul, ll rappelle que Michel Audiard parlait surtout des choses qu’il n’aimait pas. «En numero un, les cons mais il en faisait partie ». Les souvenirs de leurs soirées communes sont plutôt a glaner du côte du VIIIeme. A l’hôtel La Tremoille, où il disposait d’une suite payée par la production apres l’abandon de son duplex rue de l’Assomption, dans le XVIe arrondissement « On y dînait en tête à tête, soit en bas, soit avec le room service » Champs Elysées, rue Marbeuf, rue François Ier, c’est donc la que le cinéaste avait tout son Paris de travail et qu’il donnait ses rendez vous. Un VIIIe qui jaillit comme une étincelle et débloque la parole «La rue Marbeuf, c’était son fief», confie Stéphane Audiard. Ils se retrouvaient souvent Chez André, s’y régalaient de fruits de mer. Pour que son petit fils ne se blesse pas avec les pinces de crabe, Michel les chauffait. De Chez Edgar, il conserve des assiettes qu’ils ont chipées ensemble. Saint Germain des Prés ? «J’imagine mal Michel aller s’emmerder là dedans. Il était assez m’as tu vu. C’était un bling bling. Il a acheté tout ce qui faisait chic et riche parce qu’il venait de nulle part ». Pour suivre Michel Audiard à la trace, mieux valait traîner chez Maxim’s ou sur les Champs Elysées, prisés des noctambules «Si vous êtes dans ce VIIIe, si vous avez de l’argent, vous avez le droit de profiter de soirées assez exceptionnelles ». Pour les nourritures de l’âme, une seule adresse, La Mandragore, une libraine qu’il avait achetée pour sa maitresse de l’époque «il adorait les vieux bouquins, une partie de son argent est partie là dedans » Les livres, on y revient donc. Celui de Stephane Audiard se déroule dans le XVIIIe, idéal pour son multiculturalisme, ses sens interdits et ses escaliers, «un choix pratique et visuel». On attend avec impatience la fin de la relecture des épreuves du prochain.

Figaro Scope

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